migration

Je me souviens d'avoir vu, dans mon enfance, ce genre de phénomène. A vrai dire, pour nous, habitants de la côte normande, ce n'était pas vraiment si extraordinaire que cela. Plus ou moins régulièrement, et ce depuis l'invasion de la Grande-Bretagne par le duc Guillaume, ce genre d'excroissance, non, pour être plus exacte, ce genre d'oeuf au plat était visible dans nombres d'arbres, taillis, fourrés de notre région. A la fin de l'hiver ou au tout début du printemps, les bénébulles revenaient de leur migration africaine. Le voyage était long, les turbulences nombreuses au-dessus de la méditerranée. Les bénébulles, ces grands oiseaux migrateurs, survolaient notre campagne. Pas en groupe, ils voyageaient seul et l'étrange est qu'ils rapportaient un oeuf unique que la saison et le manque de temps ne leur permettaient pas de pondre dans les pays sub-sahariens. La nature est la nature,nous le savons que trop bien. Le terme arrivé,impossible pour le bénébulle de se retenir plus longtemps. Dans un spasme lugubre et sonore qui faisait se taire les enfants, le bénébulle larguait son oeuf et se prenait à espérer que le touffu d'un arbre encore maigre en cette saison, puisse accueillir l'oeuvre de ses entrailles. Hélas, même sous le climat normand, le bénébulle finissait souvent sa course contre le rugueux d'un tronc, le froid d'une toiture ou le capot d'une automobile. Devant une telle hécatombe, les bénébulle ont cessé leur migration vers le nord. Seuls, quelques rares spécimens tentent encore l'aventure. Je crois que c'est ce que vous pouvez observer dans les jardins de la Roche-Jagu. Le fait est rare. Vous êtes peut-être en présence d'un bénébulle sénile ou maniacus dépréciatus. Heureux de vous avoir renseigné.
Didier